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Mon entrevue avec Paul Arcand: Entrevue Paul Arcand

Le juge Pazaratz de la Cour supérieure d’Ontario a posé la question suivante dans son jugement:

Est-ce que les photos nues d’un parent aident le juge qui doit trancher sur la garde des enfants?

Voici les faits.

Les parties font vie commune pendant presque 10 ans.  Ils ont un enfant de 8 ans (qui est muet) et une fille de 16 mois.

Les parties se séparent à l’automne 2015, madame voulant quitter pour habiter ailleurs en Ontario avec son nouveau chum.  Les parties sont devant la Cour pour débattre de la garde temporaire des enfants en attente d’une évaluation psychologique.  Suite à la séparation, le père aurait récupéré le cellulaire endommagé que la mère avait jeté.  Le père trouve alors des selfies de la mère nue en différentes positions et de nombreux sextos échangés entre elle et son nouveau chum.  Confrontée à cette situation par son ex-conjoint, la mère avoue qu’elle a eu une relation extra maritale et l’avise également que le nouveau conjoint est le père de la petite de 18 mois.  Par la suite, selon le père, leur fils de 8 ans aurait ‘trouvé’ le cellulaire et aurait vu les photos de sa mère, ce qui aurait traumatisé l’enfant, une des raisons pour lesquelles le père demande la garde.

Le père joint à ses procédures des selfies de la mère nue, en couleur et agrandies (!), et 89 pages de sextos entre la mère et son chum (que le juge décrit comme étant la version litige de 50 Shades of Grey !!).  Le juge constate aussi des sextos:  Peu d’orthographie.  Beaucoup d’anatomie .

Le juge questionne la pertinence de cette ‘preuve’ et se demande comment cette information peut lui être utile pour déterminer la garde d’un enfant – et encore plus, il se demande quel est l’impact de cette approche sur l’enfant alors qu’on tente d’humilier la mère?

Le juge explique que les photos démontrent une seule chose:  la mère a une vie sexuelle active.  Et puis, dit-il? (Big deal).  Il blâme le père d’avoir été négligent en laissant le téléphone cellulaire de la mère accessible au garçon de 8 ans alors que le père connaissait le contenu du téléphone.

Le juge considère qu’il n’y a aucune preuve que le comportement de la mère diminue ses capacités parentales ou que les enfants ont été exposés à son activité sexuelle, ni qu’elle a été négligente envers les enfants à cause de ses activités sexuelles.

Il blâme le père d’avoir tenté de faire une chasse aux sorcières.  Le juge dit qu’être vilain (nasty) ne donne pas de résultats et ne sera pas toléré.  D’ailleurs, il déclare que tout cela est fait dans le but d’humilier la mère afin de la dissuader de poursuivre sa demande de garde et qu’on tente de faire croire qu’une femme qui aime le sexe ne doit pas être une bonne mère ce qui est une approche hypocrite et archaïque.

Non seulement le juge rejette-t-il toute la preuve faite par photos et sextos, mais en plus il ordonne au père de ne pas les faire circuler, de ne pas les montrer ni les publier. Il doit aussi remettre le téléphone de la mère à son avocat et il modifie très peu le temps de garde du père, en attente d’une évaluation psychologique.

Morale de l’histoire : faites très attention de quoi vous accusez l’autre! Les accusations doivent être pertinentes et non gratuites ni faites dans un seul but de vengeance… sinon, elles deviennent un boomerang…